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Fleurs de Rouille : fabrication d’une robe de mariée

Si je te dis que j’ai passé presque 150 heures à fabriquer cette robe, et utilisé une grosse dizaine de techniques différentes pour la décorer, ça te dis que je te raconte tout ça ?
Mais avant toute chose : tu vois bien qu’on n’est pas sur une robe de mariée classique (sans blague) ; laisse moi t’emmener dans une ville abandonnée, où les briques se délitent, où la rouille roussit les murs, où les lianes recouvrent le métal et fleurissent au crépuscule.
(Attention, ce ne sont pas les mots exacts du thème du mariage, mais la vision qui en découle et a inspiré la robe ! 😀 )
((Quand je dis qu’on peut me raconter ses projets les plus fous, je ne plaisante pas !! ))
La base de la robe :
Bon, faut quand même que j’en parle, parce que le travail de couleurs-matières-déco est tellement présent sur cette robe, que la fabrication de sa base peut sembler anecdotique ; et pourtant !
Aussi pressées qu’on était d’attaquer la déco, il a bien fallu passer par le chemin classique : tracé, toile d’essayage, modifications, re-essayages, coupe, assemblage…
Et puis on ne parle pas ici d’un t-shirt en T, hein, c’est une forme complexe à obtenir, et encore plus complexe à rendre pratique et confortable… Parce que ce n’est pas une pièce destinées à un shooting ou un podium, mais bien une tenue dans laquelle il va falloir passer la journée, s’asseoir, manger, marcher beaucoup, danser, avoir des émotions fortes…
Alors, j’ai peaufiné, repris, modifié, jusqu’à ce que ça soit aussi parfait que possible ; il parait que c’est réussi et que la robe était très confortable à porter ! ^_^
Mais allez, passons à ce qui nous intéresse vraiment ici : la déco et la matière ! Et on commence par…

La teinture !
Histoire de faire les choses simplement (hahem), j’ai teint du voile de soie (oui, encore, je sais, mais c’est BEAU) ; et en plus, pas que d’une seule façon :
d’un côté, j’ai travaillé des effets de matière, en m’inspirant de la rouille ; pour jouer avec la transparence du voile de soie et assembler une traîne toute en nuances et dégradés <3
Et pour la jupe, j’ai au contraire travaillé tout en douceur, rouille sur voile bleu, pour qu’une fois posé sur un fond rouille, il apparaisse graduellement en un joli dégradé tout lisse (comme tu le vois sur la photo au dessus 🙂 ) !



Ce que j’aime ces effets de transparence… (ouais, on sait ce que ça veut dire : je ferai encore de la teinture sur voile de soie à l’avenir, alors que c’est long, épuisant et stressant ; je suis irrattrapable xD !)
Bref, une fois la jupe assemblée (un petit défi technique là encore), il était temps de mettre :
La dentelle !
Un peu moins compliqué, mais pas moins long : d’un côté, la jupe et ses 5 mètres de large en bas ; de l’autre, un tissu dentelle, avec des motifs (des belles branches bleues) ; mais comme on veut que la dentelle soit posée avec une hauteur irrégulière, et de façon pas trop répétitive, hé bien il faut la découper aux tout petits ciseaux (c’est parti pour 3h de découpe), la placer, l’épingler, et la coudre à la main de façon « invisible » (hop là, 5h de petits points !) ; une couture qui fait, de façon parfaitement objective, au moins dix bornes de long (t’en vois un tout petit morceau à droite de l’image 3 qui est l’envers de la jupe ; c’est le trait bleu qui tortillonne, là… )



De la laine feutrée…
On change de matière : on passe de la soie lisse et de la dentelle strassée, à la fibre brute de la laine peignée (que j’achète teinte et vaguement rassemblée en GROSSES bobines, comme tu le vois sur la photo 😀 ).
Cette laine, je la détache par fines couches de sa bobine, et je viens la poser sur mon tissu ; et là tel un lapin sous caféïne à la patte spasmodique, je lui donne des milliers de petits coups d’aiguilles à feutrer… Heureusement les aiguilles vont par 3, mais ça fait quand même bien mal au bras ; et comme y’en a pour plusieurs heures, il faut faire des pauses régulières (ou alors, on se pique le doigt, et on se rend bien compte de la taille des aiguilles, crois-moi ! )
Et on intègre ainsi les fibres de la laine au tissu, pour une autre interprétation de rouille dégradée ; ou, torsadée en lignes, pour former des lianes qui grimpent sur le corsage…



Mais ça n’est pas fini ! Il faut encore découper les bords proprement, et travailler encore la matière (et la sécuriser, au passage, sur les endroits sensibles au frottement) : des petites lignes cousues à la machine (beaucoup de petites lignes !!), des petits points à la main…

… et parfois ça demande de la souplesse, et un bras supplémentaire de 1m de long idéalement, mais on fait avec ce qu’on a et on se contorsionne… 😀


Et puis on change de technique, toujours avec la même laine, pour la feutrer en volume cette fois, avec la technique « mouillée » : savon, eau bouillante et huile de coude pour frotter, frotter, frotter… (Oui, c’est pas la fête pour les bras tout ça ; la vie de costumière, c’est aussi des douleurs différentes tous les soirs parfois 😀 )

(Hop, des petites lianes libres de s’échapper du corsage en cascade !)



Et c’est ainsi que les lianes naissent de la rouille, pour s’étirer jusqu’en haut du corsage, et venir fleurir sur les épaules, en…
Fleurs de rouille !
Parce que quand même, c’est dans le titre de la robe, et de l’article !
Il y a trop d’éléments différents pour tous les raconter ; feuilles coupées dans le lin, feuilles coupées dans la laine, feuilles coupées dans la soie (et toutes les opérations nécessaires pour qu’elles se tiennent et ne s’effilochent pas) ; pistils en perles et jaseron (des petits ressorts métalliques utilisés dans la broderie d’or traditionnelle) ; formation des pétales, assemblage des fleurs et des boutons ; découpe de dentelle pour fondre les fonds ; peinture des éléments pour donner des reflets…



Et on se retrouve, à un moment, avec tous ces éléments étalés sur la table, le corsage qui attends sur son mannequin… C’est le grand moment, celui sur lequel l’imagination revenait en pensant à la fabrication de cette robe ; mais il faut se concentrer, s’installer au mieux, se préparer un thé : c’est parti pour durer, au moins trois heures par épaule, à chercher la bonne composition, épingler, tout retirer pour commencer à coudre dans le bon ordre ; se battre avec les repères (il faut gérer la tension du tulle de support, pour que ça ne soit ni frisé ni étiré une fois porté) ; se piquer beaucoup sur les épingles, détendre ses trapèzes malmenés, défaire parfois, quand ça n’est pas ce qu’on cherchait…


Mais à la fin de la longue journée, ça y est, les fameuses Fleurs de Rouille ont éclot de leurs lianes, la robe est presque finie…



Petits détails et accessoires
Encore quelques strass à poser (quand je dis « quelques », ça veut dire 200-300, quoi ; mais les strass, c’est trompeur, on n’en croit jamais ses quantités !), des bricoles et pampilles à ajouter… Les petites barrettes en laiton, je n’en ai même pas parlé, c’était technique et compliqué, je te laisse juste les admirer 😀


Des accessoires viennent compléter l’ensemble : manchettes en tulle « illusion » où courent des lianes, épingles à cheveux fleuries elles aussi, petit sac amovible pour transporter l’essentiel puis se délester dans la soirée ; et pour le froid, parce qu’il s’agissait d’un mariage en octobre, des sur-manchettes et un col-collerette en velours de coton, doux et moelleux, relevé de petits détails dorés !






Voilà, tu sais (presque) tout de la fabrication de cette robe Fleurs de Rouille, je te laisse avec quelques images en pied, et…


Hé oui, j’ai aussi fait la tenue du marié ! Plus mécanique que végétal, tu peux voir comme les éléments se répondent ; son ensemble à lui s’appelle « l’Engrainage », et je t’en montre plus de photos bientôt 😉

Merci à Delphine et Sébastien pour ce magnifique double projet <3
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